Welfarisme, abolitionnisme : quelle stratégie pour les animaux ?

Vous avez sans doute vu passer ces termes: welfarisme et abolitionnisme. De fait, le mouvement animaliste (entendu ici comme mouvement qui cherche à prendre en compte les intérêts des animaux non-humains) regroupe différentes sensibilités.

Deux idéologies majeures coexistent : le welfarisme et l’abolitionnisme. Puis, au sein de l’abolitionnisme, on trouve deux approches: l’abolitionnisme fondamentaliste [1] et l’abolitionnisme réformiste (parfois appelé péjorativement néowelfarisme). Je vous propose une rapide mise au point afin de mieux comprendre leurs différences, leurs similitudes et les différentes stratégies qu’elles préconisent pour aider les animaux.

Le welfarisme

Le welfarisme vient de l’anglais « welfare » qui veut dire « bien-être ». Effectivement, la notion de « bien être animal » est au centre des préoccupations et revendications des welfaristes. Ces dernier.es ne cherchent de fait pas à abolir l’exploitation animale, mais souhaitent limiter la souffrance qui en découle. Sur la question particulière de la viande, les welfaristes ne cherchent donc pas à fermer les abattoirs, mais à promouvoir un élevage et un abattage plus respectueux des animaux.

C’est sans surprise le discours le plus audible par la majorité des Français.es. Il est cependant important de noter que cette idéologie reste spéciste, puisqu’elle ne remet pas en question la légitimité d’exploiter les animaux non-humains au profit des humain.es.

Des associations comme la PMAF ou CIWF rentrent dans cette catégorie. Elles travaillent ainsi avec des entreprises, des agriculteurs.rices et les pouvoirs publics afin de mettre cette notion de bien-être animal au centre de la question de l’élevage et de promouvoir la viande dite « humaine » (je mets ici des guillemets puisque cette expression est selon moi un oxymore). Leurs campagnes dénoncent par exemple les méthodes de l’élevage industriel visant à accroître le profit au détriment du bien-être animal, et proposent des mesures visant à réduire la souffrance des animaux d’élevage, telles que :

  • L’abandon des mutilations dans les élevages (castration et coupe de la queue des porcelets, épointage des volailles, etc.) ;
  • Davantage d’accès au plein air pour les animaux ;
  • La réduction du temps de transport des animaux vivants vers les abattoirs.

Notons au passage que des associations welfaristes sur la question de l’élevage peuvent en revanche être abolitionnistes sur d’autres questions en lien avec la cause animale (notamment la corrida ou la captivité des cétacés qu’à ma connaissance, aucune association de protection animale ne légitime).

 

L’abolitionnisme

A l’inverse du welfarisme, l’abolitionnisme prône l’abolition pure et simple de toutes formes d’exploitation animale. Il n’est plus ici question de « bien-être animal » mais de « droits des animaux ». C’est le statut de propriété de l’animal qui est remis en cause. A la valeur marchande de l’animal, les abolitionnistes opposent la valeur intrinsèque de l’animal non-humain.

Pour faire simple, et reprendre une métaphore célèbre de Tom Regan, si le welfarisme cherche à agrandir les cages, l’abolitionnisme cherche au contraire à les ouvrir. [2]

Bien que tous les abolitionnistes soient d’accord sur l’objectif à atteindre, ils et elles sont en revanche divisé.es sur les méthodes à employer pour y arriver le plus efficacement et rapidement possible. On distingue ainsi au sein des abolitionnistes deux groupes : les abolitionnistes réformistes et les abolitionnistes fondamentalistes.

 

L’abolitionnisme réformiste

Les abolitionnistes réformistes considèrent que la fin de l’exploitation animale prendra du temps et ne se fera pas sans réformes desdites exploitations, notamment en plaçant la question animale au centre du débat politique.

Si on reprend l’analogie des cages, l’abolitionniste réformiste considère que même si le but final est bien d’ouvrir la cage, avoir des cages plus grandes reste une avancée et une étape pour atteindre ce but final.

C’est l’approche utilisée par l’association L214 qui milite activement pour l’abolition de la viande et une transition vers une alimentation végétale. Ses dirigeant.es ont cependant bien conscience que cette transition ne se fera pas du jour au lendemain, et c’est pourquoi L214 mène une campagne d’envergure contre les œufs de batterie. A ce jour, L214 a contribué à obtenir l’engagement de plus de 50 marques d’abandonner les œufs de batterie (distributeurs, fabriquants, hotelerie, restauration collective), certaines immédiatement, d’autres à date butoir (détails et liste des enseignes ici). Certes, les poules pondeuses restent exploitées. Mais ces engagements permettront à des millions d’entre elles de bénéficier de conditions un peu meilleures que celles qui sont aujourd’hui en vigueur dans les élevages de batterie (grillage au sol occasionnant des lésions aux pattes, espace restreint et surpeuplé rendant impossible d’étendre les ailes, etc.). L’association rappelle cependant qu’elle préconise une alimentation sans œufs comme en atteste le visuel L214 ci-dessous, puisque quel que soit le mode de production des oeufs (même plein air), les poussins mâles sont broyés ou gazés à la naissance.

L’approche réformiste est aussi celle de 269 Life qui a recours à des campagnes ciblées et à la désobéissance civile, ou encore de Vegan Impact qui s’efforce de promouvoir le véganisme pour les animaux, la planète et la santé. Comme vous pouvez le constatez, la plupart des associations de défense animale dîtes abolitionnistes rentrent dans cette catégorie, malgré la diversité des stratégies qu’elles utilisent.

A noter que l’abolitionnisme réformiste est parfois appelé « néo-welfarisme », mais ce terme a une connotation péjorative. Il fut inventé par Gary Francione dans une optique de dénigrer l’approche des abolitionnistes réformistes qu’il assimile in fine aux welfaristes.  

 

L’abolitionnisme fondamentaliste

Les abolitionnistes fondamentalistes proposent une remise en question radicale de l’exploitation animale, et considèrent que les réformes sont contre-productives. De fait, ils et elles estiment que les produits perçus comme « respectueux des animaux » rassurent et donnent bonne conscience aux consommateurs.rices sensibles à la question animale, qui peuvent finir par en consommer davantage. Ils et elles soulignent également que les lois de protection des animaux non humains existent déjà mais ne sont pas appliquées ; les réformer ne les fera pas appliquer davantage. Enfin Les abolitionnistes ne soutiennent pas les campagnes ciblées sur une forme d’exploitation animale[3].

Pour reprendre à nouveau l’analogie des cages, l’abolitionniste fondamentaliste considère qu’une cage suffisamment agrandie va rendre le public plus à l’aise avec l’idée d’exploitation animale et occulte la question fondamentale de l’exploitation animale.

C’est le discours défendu par Gary Francione, qui définit cette approche selon 6 principes. Discours très attrayant, mais malheureusement inaudible par les entreprises et politiques. Pour les abolitionnistes fondamentalistes, le changement viendra par l’information auprès du public. Leurs actions se focalisent dès lors sur le militantisme de rue et web. Le site vegan.fr ou le fameux groupe Facebook VVV en sont les exemples les plus connus (à noter si vous souhaitez rejoindre ce groupe qu’il est zoocentré, c’est à dire centré sur l’animal – les arguments de santé ou d’environnement pour promouvoir le véganisme ne sont donc pas acceptés dans la charte de ce groupe).

 

Tableau Récap

Voici un tableau récapitulatif (non exhaustif) si vous n’êtes toujours pas sur.e d’avoir compris les différences :

Une stratégie est-elle plus efficace que les autres?

Si le but est la fin de l’exploitation animale (ce qui est pour rappel la ligne éditoriale de ce blog !), le discours welfariste est hors jeu d’office, puisque ce n’est tout simplement pas ce qu’il revendique.

Concernant les deux groupes abolitionnistes, une approche est-elle plus efficace qu’une autre ? C’est la question à 1000 euros du jour ! J’ai souvent entendu dire que les deux approches étaient complémentaires puisqu’elles permettent de toucher une diversité de publics et un éventail plus large de la population. C’est certainement vrai dans une certaine mesure. Cependant, en ce qui concerne l’efficacité des approches, je privilégierais sans hésiter l’abolitionnisme réformiste, et ce pour plusieurs raisons :

  • D’une, car elle est plus pragmatique et réaliste. Que ça nous plaise ou non, le changement prend du temps, ne serait-ce que parce que la majorité des personnes y est réticente. L’abolitionnisme réformiste permet donc une porte d’entrée graduelle vers l’idéologie antispéciste.
  • De deux, je juge les faits. Je constate ainsi que le bond en avant spectaculaire des dernières années sur la question animale en France doit beaucoup à l’association L214, qui a réussi en à peine quelques années là où des associations welfaristes ou fondamentalistes avaient échoué depuis des dizaines d’années (en particulier dans la promotion à grande échelle du véganisme).
  • De trois, la lecture récente d’un essai de Melvin Josse me conforte dans cette opinion. Melvin Josse explique ainsi qu’il est très difficile de changer les croyances fondamentales d’une personne, mais qu’il est possible d’influer sur ses comportements au moyen d’un changement du système. L’exemple de l’Autriche nous montre que les lois protégeant les animaux se durcissent chaque année, et ce grâce à des réformes progressives au cours des 10 dernières années (pour en savoir plus sur ce sujet, je vous renvoie à cet essai paru dans les Cahiers Antispécistes)

That being said, si on me démontrait par A + B que l’approche fondamentaliste est plus efficace sur le long terme, je pourrais tout à fait changer d’avis. J’ai sur cette question un regard pragmatique basé sur un critère très simple: quelle approche permet d’éviter la mort du plus grand nombre d’animaux ?

[bctt tweet= »Abolitionnisme et welfarisme: quelle stratégie pour les animaux? #antispécisme » username= »Madame_Carotte »]

 

Pour finir, je regrette le manque de coopération qui peut exister entre ces différentes factions d’une même armée. Je constate étrangement qu’il existe autant -sinon plus- de tensions entre les abolitionnistes réformistes et fondamentalistes (pourtant d’accord sur le but à atteindre) qu’entre les abolitionnistes et les welfaristes. On dirait que certains et certaines déploient une énergie conséquente à dénoncer leurs différences, plutôt que de se focaliser sur ce qui les rassemble : les milliards de victimes animales.

Voilà! J’espère que cette petite mise au point vous aura été utile, et peut-être même permis de mieux vous situer vous-même sur l’approche qui vous parle le plus. Comme toujours, n’hésitez pas à me faire part de vos commentaires et réflexions sur le sujet, je les lis toujours avec plaisir !

 

Et pour aller plus loin :

 

[1] L’expression « abolitionniste fondamentaliste » utilisée tout au long de cet article est empruntée à Melvin Josse, auteur de l’essai La boutique L214.

[2] Interview de Tom Regan, Cahiers Antispécistes 2, janvier 1992.

[3] Principe 2 de l’approche abolitionniste définie par Gary Francione.

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14 Comments

  1. 1

    Merci pour cet article je connaissais pas les différences entre les 2 « abolitionnismes », et j’ai tjs été très gênée de voir certains faire des reproches à L214 (par exemple) quand je vois l’ampleur qu’à pris l’association et la façon dont ils se sont positionnés comme le opposants de ce système, dans l’esprit de tous : les véganes, végétariens, mais aussi chez les omnivores, et les agriculteurs eux mêmes..
    Donc vraiemtn j’ai du mal à comprendre comment des gnes qui veulent la libération animale peuvnet les critiquer.

    Sinon dans mon cas pff.. compliqué, je vais peut être choquer mais j’ai pas de finalité dnas mon esprit… j’ai l’impression que ce monde déconne complètement, pas que pour les animaux et mon point de vue est juste là… fuat que ça s’arrête, que ceux qui se gavent, arrêtent de piéténier ceux qui se sont exploités : humains, animaux..
    Et on fait partie de ceux qui se gavent, à notre mesure, nous occidentaux.

    ma finalité? elle s’approcherait du néo-welfarisme, mais je vois ça tellement loin, voir même improbable, que je trouve uqe chaque approche est importante.
    et que « juste mieux » c’est mieux que de laisser faire en espératn la venue d’un monde végane et en se disant que si on laisse faire comme ça les gnes vont se bouger.
    J’y crois pas une seconde.. quand je vois comme on exploite des enfants au bout de la planète pour nos portables par exemple, et uqo’n arrive pas à faire mieux que ça.. les aniamux ce sera pas pour demain, donc voilà… je crois que action est importante.. et que peut être un jour oui, l’humain évolurera assez pour sacrifier ses plaisirs pour le bien être commun.

    • 2

      Je pense que nous serons probablement mort.es depuis longtemps lorsque la libération animale arrivera! A l’heure actuelle, elle est improbable effectivement.
      Selon moi, toutes les oppressions sont liées d’une manière ou d’une autre. Avancer sur un type d’oppression fait aussi avancer les autres, indirectement. Je me dis qu’en refusant l’oppression des femmes, des enfants, des pauvres, etc. ce sont les schémas d’oppression que nous combattons et cela contribue à se sensibiliser sur la question des opprimés non-humains. (je ne sais pas si je suis très claire!)
      Pour ce qui est du fait que nous nous gavons, je suis entièrement d’accord. IL appartient à chacun.e de se responsabiliser et d’adotper un mode de vie éthique. Le véganisme n’est qu’un aspect. De mon côté, je cherche par exemple à réduire mes déchets, consommer (beaucoup moins) en faisant durer, et soutenir des marques engagées.

      • 3

        Je suis totalement d’accord, chaque « combat » pour plus de justice est lié et sert à l’ensemble, mais ce que je voulais dire c’est stt que quand on voit comment l’être humain se jette sur un téléphone hors de prix, alors qu’il a aujourd’hui une parfaite connaissance de la façon dont il est fabriqué.. ça me laisse penser que le chemin sera long pour les animaux.
        Si certains peuvent encore se voiler la face sur la capacité de sentience des animaux, en se disant « ils ne sont pas ocmme nous », c’est impossible pour un de ses semblables.
        Et pourtant… Bref peut être suis je trop défaitiste, ça ne m’empêche pas ceci dit d’essayer de m’améliorer, tout comme toi, pour les déchets (et y’a du boulot), ou en aidant aussi quand je peux des associations locales, ou comme tu le dis dans les achats du quotidien, en choisissant d’aller vers des choses qui me semblent plus éthiques. Fuir les gros groupes, et privilégier les petits commerçants aussi etc..
        bref à voir dans le futur, parfois je suis enthousiaste quand je traine sur des pages internet « consacrées  » à ça, et puis parfois dans le monde réel, celui où les gens sont divers, et tous concernés par des choses différentes, je el suis moins quand même.
        IL y a un énorme écart entre les deux.

        mais ceci dit article très intéressant, et les commentaires l’étaient aussi, j’ai bcp aimé les lire, et voir les opinions de chacun, ça m’a appris bcp de choses 🙂

        • 4

          Hello Lily, prdon pour la réponse tardive. Ton commentaire était allé dans « indésirables », je ne sais pas pourquoi; je n’en prends connaissance qu’à l’instant. Je comprends ce que tu veux dire, et je te rejoins sur l’alternance entre défaitisme quand je vois « la vie de tous les jours » et espoir quand je traîne sur les réseaux sociaux (forcément, ton feed te donne des news « qui te ressemblent »). Peut-être cette alternance est-elle nécessaire pour rester motivé.e justement? Enfin, je ne sais pas.. mais ce qui est certain c’est que les réseaux sociaux ont joué un rôle clé pour m’informer de choix plus responsables qui s’offraient à moi. Et à mon tour, c’est aussi par le biais des réseaux sociaux que j’ai réussi à sensibiliser certain.es proches, qui jusque là faisaient la sourde oreille à mes discours. Enfin, ceci est un autre sujet 🙂
          Bonne soirée,
          Aurélia

  2. 5
  3. 7

    « L’approche réformiste est aussi celle de 269 Life qui a recours à la désobéissance civile, par exemple lorsque ses militant.es bloquent les lignes d’abattoirs »

    Je ne comprends pas cette phrase. Je pense que si tu dis à des militants de 269 Life qu’ils sont réformistes, tu risques de te faire taper sur les doigts avec un hachoir à viande (qu’ils auront volé à l’abattoir).
    Ceci dit, il y a eu une scission de 269 Life France il y a deux ans environ, et peut-être que l’un des deux groupes se dit réformiste, mais (sauf erreur de ma part) pas ceux qui bloquent les abattoirs, en tout cas …

    (Note bien que je ne vois pas comment on peut être autre chose que réformiste, même en étant abolitionniste… Parce que quoi qu’il arrive, quelle que soit la méthode utilisée pour faire avancer la société vers l’abolition, on va obligatoirement en passer par des réformes… Donc toutes les actions concrètes provoquent automatiquement des réformes. Même le fait de convaincre de plus en plus de personnes de devenir véganes. Et bloquer des abattoirs aussi. La réaction de la société, à mesure qu’on avancera, se manifestera automatiquement par des réformes. Ce qui ne veut pas dire que les abolitionniste-Je-ne-suis-pas-welfariste-s en ont conscience.)

    En ce qui me concerne, je préfère modéliser les choses comme ça :
    On a deux concepts :
    – réformisme/anti-réformisme
    – abolitionnisme/anti-abolitionnisme

    Ce qui induit quatre groupes :
    – anti-réformistes anti-abolitionnistes : les spécistes de base et les promoteurs de l’élevage industriel
    – anti-abolitionnistes réformistes : les gens qui refusent de voir disparaître la viande, mais qui veulent qu’on élève et tue moins méchamment, les éleveurs qui veulent plus d’élevage extensif, les gens qui veulent améliorer les abattoirs => les majorité des citoyens et consommateurs à mon avis, à l’heure actuelle
    – abolitionnistes réformistes : L214 et la majorité des assossiations qui réalisent des actions concrètes et obtiennent des résultats concrets (ça vaut aussi pour les associations végétariennes, l’AVF, les assos anglosaxonnes, etc.)
    – abolitionnistes anti-réformistes : les francionistes, les gens qui ne sont capables que d’une seule et unique stratégie « Go Vegan » à destination des consommateurs, et qui refusent à peu près toutes les stratégies possibles. (Certains essaient de s’extraire du « Go Vegan » en faisant des actions directement dans les commerces et lieux publics pour choquer, mais le résultat revient à peu près au même, puisqu’il n’y a pas d’objectif à court ou moyen terme mesurable et envisageable. La seule chose qu’on peut en conclure, c’est qu’on essaie de toucher les consommateurs.)

    L’intérêt d’utiliser ces deux termes et ces quatre groupes, c’est qu’on évite de réutiliser le vocabulaire de Francione, qui est (volontairement) foireux et plein d’amalgames, et qui crée notamment une confusion indémêlable sur le sens de « abolitionniste » (où L214 ne recevra jamais son brevet d’abolitionniste même en répétant en permanence dans les médias qu’ils souhaitent l’abolition… ce qui démontre bien l’absurdité de la conception francioniste).

    • 8

      merci « Personne » (!) pour ton commentaire.
      J’aime bien ton système de dénomination, c’est intéressant, il me fait penser à un tableau double entrée sur Excel 🙂
      Du coup, corrige-moi si je me trompe:
      – les welfaristes deviendraient les anti-abolitionnistes réformistes
      – les abolitionnistes réformistes restent tel quel (!)
      – les abolitionniste fondamentalistes deviennent les abolitionnistes anti-réformistes
      Tu changes les termes, mais pas l’idéologie ou les méthodes utilisées? (par rapport au tableau que j’ai partagé par exemple). J’aimerais être sure de bien saisir ton propos.

      A noter que les termes « abolitionnisme réformiste » et « abolitionnisme fondamentaliste » ne sont pas de Francione mais de Melvin Faussot. Justement, je voulais souligner dans l’article que le « neowelfarisme » a une connotation négative (mais comme une débile je l’ai laissée dans le titre, ce qui n’était franchement pas ma plus brillante idée!).
      On pourrait aussi dire « abolitionnisme pragmatique » pour qualifier l’abolitionnisme réformiste (car effectivement 269 ne s’associe pas au terme « reformiste »). Avec ce terme moins paradoxal -mais qui veut au final dire la même chose-, est-ce que ma phrase sur 269 devient plus claire?

  4. 9

    Je suis abolitionniste fondamentaliste mais je soutiens les associations abolitionnistes réformistes…faute de mieux.

    En effet, je suis pas absolument convaincue que passer par les réformes de bien-être animal soit la meilleure stratégie pour aboutir à la libération animale, mais pour le moment, aucune association ou structure ne propose mieux.

    L’entrée de la question animale dans la sphère publique et politique s’est faite, soyons honnêtes, grâce à L214. Les goupes abolitionnistes purs et durs, dont je partage la philosophie ne font…rien. Si vous allez sur VVV, vous constaterez que le but est de former un groupe facebook le plus pur possible, de forcer les gens participant à ce groupe à adopter une certaine orthographe ( pas problématique.e.e.ée.), d’utiliser certains mots à la place d’autres (dire cadavre au lieu de viande). Mais pas de campagne politique ou médiatique, pas de stratégie, pas de visibilité (au contraire ils excluent les gens pas assez purs).

    Je pense que je ne suis pas la seule dans cette situation, et que si une structure abolitionniste cohérente et efficace émergeait, elle serait adoptée en masse par les abolitionnistes qui se tournent pour le moment vers le réformisme faute de mieux. Et je ne pense pas que ça proviendra des rigolos de VVV.

    • 10

      Merci Ninid, je partage tout à fait votre analyse.
      L214 a su canaliser les volontés des personnes qui ne se retrouvaient pas dans le welfarisme. Si une association abo fondamentaliste voyait le jour et qu’elle proposait des moyens d’actions autres que juste l’information par internet, peut-être cela changerait-il la donne. J’aurais néanmoins tendance à penser que cette asso disposerait de plus de difficulté à dialoguer avec les pouvoirs publics / industriels, dont les avancées pour les animaux sont dépendantes.
      Selon moi, le fait que l’abolitionnisme fondamentaliste refuse le recours aux campagnes ciblées (par ex: dénoncer les abattoirs) est vraiment problématique car ces campagnes jouent un rôle essentiel pour éveiller les gens sur la réalité.

  5. 11

    Et il y a les transbiologistes*…

    pas tout à a fait « vegans »…
    pas tout a fait « abolitionistes »

    pas du tout, mais carrément pas… « welfaristes » pour autant…

    et les thermoutilitaristes**… qui n’en n’ont rien a faire ni du bien etre animal, ni de l’abolition de l’exxploitation des animaux.. mais arrivent a la meme conclusion que les transbiologistes.

    * https://fr.wikipedia.org/wiki/Transbiologisme
    ** là il n’y a meme pas d’article wikipedia…. en gros c’est une position philosophique qui dit que la souffrance, la sentience, on s’en balance… ce qui compte, c’est l’information. tuer des animaux cause une disparition d’information, donc c’est mal. La vie consciente genere de l’information, et generer de l’information est le « bien » a suivre ethiquement.

    • 12

      Merci bcp pour ce lien ! Très intéressant, je n’avais jamais entendu parler du transbiologisme. En revanche l’article wikipédia fait un pendant avec l’antispécisme en soulignant : « les autres animaux étant vue comme des égaux qu’il faut prendre en main pour leur offrir l’accès aux capacités humaines, et par extension, devant être soustrait a la souffrance (au même titre que les hommes) ». Je ne sais pas pour les transbiologistes du coup, mais les antispécistes ne cherchent pas à « humaniser » les animaux non-humains, mais plutôt à reconnaître leurs besoins propres (et par conséquent ne cherchent pas l’égalité entre les espèces -> un gorille allant à l’université n’aurait pas de sens). Auquel cas, ce serait une grosse différence dans la finalité entre antispécistes et transbiologistes.

      • 13

        L’antispecisme brut ne cherche pas a humaniser les animaux non, juste a reconnaitre qu’ils ont les memes droits que l’homme a rester en vie dignement, etc…
        Le transbiologisme en revanche effectivement, s’appuis sur le transhumanisme/posthumanisme, sur le concept de provolution, et sur l’antispecisme, pour determiner que le meilleur moyen d’obtenir des droits equivalents ou plutot une jouissance de vie, aux humains, il faut humaniser les animaux, leur offrir le language, si possible, des facultés cognitives humaines, la capacité de manier des objets avec un organe prehenseur aussi adapté que nos mains a cette tache… etc. L’humanité etant le morceau du regne animal clairement le plus heureux en terme de conditions de vie : hors de la predation, de la soif et la faim pour une bonne partie du globe, protegé par la medecine de certaines pathologies, disposant de loisirs a foison, de maisons qui nous protegent du climat et ses caprices de pluie , gel , neige , canicule … Il est tentant de penser que si les animaux non humain comme le dit l’antispecisme, meritent d’etre consideré avec la meme valeur morale que les humains, alors considerer leur bien etre est legitime, et la nature « sauvage » est clairement objectivement le pire terrain de vie, avec des conditions que tout humain placés dans le meme etat, considerera infernales et cruelles. Les animaux sauvage contrairement aux hommes conaissent enormement de souffrances : predation, faim et soif qui pointent au moindre probleme dans la decouverte de nourriture et eau, parasites qui ne manquent pas d’infester une bonne partie des individus (les herissons sont presque systematiquement l’hote de divers parasites interne et externe quand ils vivent dans la nature), intemperies et caprices de la meteo subis en permanence sans aucune mitigation, le risque de devoir combatre contre d’autres membres de son espece ou d’autres animaux qui cherchent la merde mais sans que ce soit par predation,… le danger est partout, la peur peu etre quasi permanete ou en tout cas un stress mesurable, les animaux sauvage sont trouillard en general, c’est bien un signe qu’ils se mefient de tout pour survivre, et ce n’est pas une vie que de vivre ainsi. C’est « inhumain » l’on peux dire.
        Donner aux autres animaux ce qui fait de l’homme une espece capable de vivre mieu que ce que propose le monde sauvage, c’est les traiter avec compassion et desir d’egalité réelle. Ainsi les transbiologistes pensent que l’antispecisme est inssufisent si l’on se contente de dire que les autres animaux ont des droits moraux equivalent aux humains. Ils pensent que l’on doit reconnaitre les humains comme en mesure de sortir de leur condition les non humains, et leur offrir le meme confort de vie, en plus de droits equivalents.
        Pour un transbiolosite, faire que le gorille aille un jour a l’université, n’a rien d’insencé, c’est un but louable a atteindre. Et meme plus que cela, pour une partie des transbiologistes, c’est le seul chemin pour arriver a une reconaissance d’interets egaux entre especes que de renverser le paradigme actuel qui est de considerer les animau comme inferieurs et utilisables comme simple ressource, pour a la place les considerer comme « handicapés » et ayant debsoin de notre aide pour s’integrer dans la Civilisation, au meme titr que l’on aide les humains psychiquement ou physiquement en difficulté a reussir a etre en mesure de vivre (ou( de meme pouvoir etre reconnu comme des individus nescessitant notre aide pour surmonter leur handicaps et vivre aussi decement que les autres.
        Abolir la predation , enfin oeuvrer en ce sens, est un premier grand objectif que les transbiologistes considerent comme important.
        Intervenir dans la nature pour venir en aide medicalement et autre aupres des animaux en difficulté.
        Prendre en charge les methodes de controle de population par contraception hormonale dans la nourriture distribué par exemple, afin de ne pas causer de problemes d’explosion demographique en agissant pour limiter la predation.
        Et enfin oeuvrer a trouver un moyen de donner les capacités cognitives humaines a d’autre animaux dans un avenir proche je l’espere…
        Mais il ne faut pas oublier l’autre face de la piece, le transbiologisme c’est aussi de voir comment l’on pourrait s’augmenter (dans une perspective transhumaniste plus classique donc ici) en implementant des capacités d’autres animaux chez l’humain. Il n’est aucunement taboo pour le transbiologisme que de reflechir a la creation par genie genetique de chimeres entre humain et non humains, a partir du moment ou cela pourrais donner des etres disposant de plus de capacités sans inconveniants majeurs. Il n’est pas rare de trouver des transbiologistes furry je pense, c’est a dire amateur d’animaux anthropocentriques et se representant generalement eux meme comme sous les trait d’un tel animal hybride : leur fursona. L’imagerie furry est qu’on le veuille ou non, de nature profondement transbiologiste, car des animaux anthropomorphes, qui parlent et vivent en societé, c’est bel et bien une possibilité de monde que souhaiteraient voir les transbiologistes.
        Le transbiologisme va plus loin que le transhumanisme, car il ne considere pas specialement l’humain comme un modele d’ideal et voient dans toute espece des forces et faiblesses que l’on pourrait transformer en incluant les forces d’une autre espece pour combler les faiblesses.
        Et il va plus loin que l’antispecisme car il prone une action directe de la part de l’homme pour non seulement obtenir une egalité de traitement entre humains et non humains, mais une egaleté dans les conditions de vie. Moins de souffrances, plus de plaisir., comme l’on pretend pour chaque humains un droit theorique.

        • 14

          Merci infiniment d’avoir pris le temps de poster ces précisions extrêmement intéressantes.

          L’interventionnisme dans la nature est une idée que beaucoup d’antispécistes refusent, alors que la question mérite selon moi d’être posée, afin de réduire la souffrance dans le monde sauvage comme vous le soulignez très justement. David Olivier y a consacré plusieurs articles dans les cahiers antispécistes. Il y a aussi cet excellent article sur le sujet : http://howimetyourtofu.com/lapin-de-garenne-vs-predator

          En ce sens l’antispécisme et le transbiologisme ne sont pas forcément contradictoires. En revanche, pour reprendre l’idée du singe allant à l’université, je comprends l’idée bien sûr, mais d’une elle ne me semble pas à l’ordre du jour au vu de l’immense chemin qu’il nous reste à parcourir ne serait-ce que pour reconnaître le droit à vivre des individus d’autres espèces, et d’autre part ce qui m’inquiète dans ce scenario c’est le risque de retomber dans une hiérarchisation des espèces en fonction de leur capacité à nous imiter ou non (ainsi si l’idée d’un singe éduqué peut encore être concevable, c’est beaucoup moins le cas avec une souris …) C’est une pente dangereuse à mon humble avis.

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