La question animale à travers les siècles

La question animale à travers les siècles

Si la question de la place des animaux dans notre société se pose de plus en plus, elle est cependant loin d’être nouvelle. Dès la Grèce Antique, des philosophes se sont posés la question de notre rapport aux animaux, et cette question n’a cessé d’évoluer au fil des siècles. Notre rapport actuel aux animaux ne sort donc pas de nulle part : il est le fruit d’un héritage millénaire.

Je vous propose dans cet article de retracer dans les grandes lignes comment la question animale a évolué en Occident, de l’Antiquité Grecque à nos jours, en passant par l’influence de l’Eglise, l’animal machine de Descartes et l’héritage des Lumières. J’entends ici par question animale la manière dont on considérait les animaux, la place qui leur était réservée dans la société, et donc par extension comment cela a influencé notre rapport avec les autres espèces.

I – Les animaux à notre service dans la Grèce Antique

En Grèce, il y a bien eu quelques tentatives pour donner une place à l’animal, notamment avec Pythagore (580-495 av. JC). Connu pour son théorème mathématique, il était aussi un philosophe, musicien et astronome. C’est l’un des tout premiers à condamner la manière dont l’humain se comporte envers les animaux. Il ne mange ni viande ni poisson et ne porte ni laine ni cuir, préférant le lin pour se vêtir et des chaussures faites d’écorces d’arbre pour se chausser [1].  Il s’oppose également aux sacrifices en l’honneur des dieux grecs, ce qui était mal vu à cette époque. A tel point que Sénèque, lui aussi adepte de ce qu’on appelait alors le « régime de Pythagore » y avait renoncé, craignant pour sa sûreté.

Pour autant, ce courant n’a pas eu beaucoup d’écho. La plupart des écoles de sagesse de la Grèce antique (platonicisme, aristotélicisme, stoïcisme, épicurisme) considèrent que l’être humain possède une essence divine qui lui confère des facultés intellectuelles supérieures à l’animal. Les animaux existent donc pour servir les humains.  Aristote (384-322 av. JC) affirmait par exemple :

Les plantes existent pour le bien des animaux, et les bêtes sauvages pour le bien de l’homme… Comme la nature 
ne fait jamais inutilement ou en vain, il est indéniablement vrai qu’elle a fait les animaux pour le bien de l’homme.
Aristote Politique

De plus, dans la Grèce Antique, puisque les animaux ne participent pas à la loi, ils sont dépourvus de droits et l’être humain n’a pas de devoir envers eux, si ce n’est celui d’éviter la cruauté (non pas pour leur éviter des souffrances mais parce que cette cruauté corrompait l’âme humaine).

Pythagore n’a cependnat pas été complètement oublié pour autant. Dans les Métamorphoses, Ovide  (43 av JC – 18 ap. JC) lui rend hommage en prônant une alimentation végétarienne pour des raisons éthiques : “Cessez, Mortels, de souiller vos corps de ces aliments coupables. Vous avez les moissons des champs; vous avez des fruits qui font courber sous leur poids les arbres des vergers. […] La terre prodigue vous offre ses plus doux trésors, et vous fournit des aliments exempts de sang et de carnage.”

De même que Plutarque (46-125 ap. JC), également végétarien qui écrit : « Nous ne sommes sensibles ni aux belles odeurs qui parent quelques uns de ces animaux, ni à l’harmonie de leurs chants, ni à la simplicité et la frugalité de leur vie, ni à leur adresse et à leur intelligence ; […] nous les privons de la lumière des cieux, nous leur arrachons cette faible portion de vie que la nature leur avait destinée. Croyons nous d’ailleurs que les cris qu’ils font entendre ne soient que des sons inarticulés et non pas des prières et de justes réclamations de leur part ? » [2]


II – L’influence de l’Eglise : l’être humain à l’image de Dieu

Les religions monothéistes n’ont que peu de considération pour les animaux. Pour des raisons théologiques, il était nécessaire de conserver un fossé entre l’animal et l’être humain, ce-dernier étant supposément à l’image de Dieu, au sommet de la Création. Je m’attarde dans cette partie davantage sur le christianisme, bien qu’il y aurait beaucoup de choses à dire également sur le judaïsme et l’islam.

La question animale dans les textes bibliques

Dans l’Ancien Testament il est écrit que Dieu a créé l’être humain à son image et qu’il lui est permis de soumettre « les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent la terre » (Genèse, I, 26) 

Certaines personnes pointent cependant du doigt que la Genèse peut être interprétée différemment. Dans le jardin d’Eden, il est par exemple dit à Adam et Eve de manger les végétaux, non les animaux. Quant au 6ème commandement « Tu ne Tueras point », certaines personnes arguent qu’il est universel et applicable à toute créature vivante.

Que penser alors de ces textes qui paraissent parfois contradictoires ? Placent-ils l’animal comme fondamentalement au service de l’être humain ? N’étant pas assez calée sur la question, je me garderai bien d’apporter une réponse. Ce qu’on peut néanmoins affirmer sans trop de doute, c’est que l’interprétation qui a été faite de ces textes sacrés propose, elle, bien une conception d’un être humain infiniment supérieur aux autres animaux. Avec pour conséquence une acceptation de la domination du premier sur ces derniers.

L’influence majeure de Saint Augustin et Saint Thomas d’Aquin

Saint Augustin (354-430) puis Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) sont deux théologiens chrétiens dont les écrits font autorité parmi les croyant-es. Pour Saint Augustin, les animaux sont dépourvus de raison et de libre-arbitre. Thomas d’Aquin ajoute que les êtres humains sont des individus propres, tandis que les animaux sont des simples représentants d’une espèce, sans individualité. Il considère par ailleurs sans surprise que l’âme est le propre de l’être humain :

"dans les animaux ne se trouve aucun désir d'éternité, mais ils sont éternels comme espèce, dans la mesure où se trouve en eux un désir de reproduction grâce à laquelle l'espèce continue d'exister" Saint Thomas d'Aquin. De l'immortalité des animaux | Eugen Drewermann & Thomas d'Aquin, Somme contre les Gentils, II, 82

Aujourd’hui encore, dans le Nouveau Catéchisme de l’Eglise Catholique, il est écrit : « Dieu a confié les animaux à la gérance de celui qu’Il a créé à son image. Il est donc légitime de se servir des animaux pour la nourriture et la confection des vêtements. On peut les domestiquer pour qu’ils assistent l’homme dans ses travaux et dans ses loisirs. Les expérimentations médicales et scientifiques sur les animaux sont des pratiques moralement acceptables, pourvu qu’elles restent dans des limites raisonnables et contribuent à soigner ou sauver des vies humaines. » (§2417).

Bien que cette pensée soit dominante, d’autres théologiens chrétiens ont pris la défense des animaux, comme Saint François d’Assise. Renan Larue rapporte cependant que l’Eglise s’est efforcée de marginaliser tout discours « dissidents », notamment des végétariens (au 1er siècle, St Paul parle d’imposteur qui prêche une doctrine diabolique. Au 3è siècle, elle décide de les excommunier). [3]

L’Eglise et les procès d’animaux au Moyen-Âge

Pour finir sur l’Eglise, sachez qu’au Moyen-Âge, les animaux sont perçus comme des êtres conscients, mus par une volonté propre et responsables de leurs actes. Ce qui donna lieu à des situations pour le moins étonnantes ! Ils étaient en effet convoqués et condamnés à des procès. En 1386 par exemple, une truie, accusée d’avoir tué un enfant, fut grimée en homme, jugée et exécutée devant les cochons de la région. Ces procès étaient jugés par des tribunaux civils et suivaient le rituel judiciaire des humains.  Les tribunaux ecclésiastiques intentaient quant à eux des actions contre les insectes et rongeurs néfastes aux cultures. Ces derniers étaient sommés de se présenter en personne devant le tribunal et de quitter les champs menacés. S’ils restaient, ils étaient excommuniés. Cette pratique semble avoir eu lieu entre le milieu du XIIIe puis la pratique décline après le XVIè siècle avec l’avènement des Lumières et le déclin des procès en sorcellerie. [4]


III – Philosophie Occidentale : de l’animal machine aux prémisses de l’animalisme

La Philosophie Occidentale est influencée par les sciences et l’Eglise. Au fil de découvertes, elle permet d’interroger notre vision du monde, et donc entre autres notre rapport aux animaux. 

L’animal machine de Descartes

René Descartes (1596-1650) a fait beaucoup de mal aux animaux. Celui-ci popularise la théorie de l’animal machine, selon laquelle les animaux ne sont guère plus que des machines très bien construites et incapables de souffrir. Dans son Discours de la Méthode, il compare ainsi l’animal à une horloge :

Les animaux ne sont que de simples machines, des automates. Ils ne ressentent ni plaisir, ni douleur, ni quoi que ce soit d’autre. Bien qu’ils puissent pousser des cris quand on les coupe avec un couteau  ou se contorsionner dans leurs efforts pour échapper au contact d’un fer chaud, cela ne signifie pas qu’ils ressentent de la douleur dans ces situations. Ils sont gouvernés par les mêmes principes qu’une horloge, et si leurs actions sont plus complexes que celles d’une horloge, c’est parce que celle-ci est une machine construite par les humains, alors que les animaux sont des machines infiniment plus complexes, faites par Dieu.

De tels propos nous semblent aujourd’hui invraisemblables ! Il faut donc remettre dans le contexte de l’époque : Descartes était très croyant. A ce titre, il considérait que la souffrance était le propre de l’Homme (puisque selon la Genèse, la souffrance est une conséquence du péché originel uniquement applicable à l’être humain).

Descartes n’est pas le seul à défendre une vision d’inspiration grecque et chrétienne. Pour Francis Bacon (1561-1629) les singes et les perroquets existent pour « faire rire les hommes” et les oiseaux chanteurs pour « divertir et charmer l’humanité » [5]. A la bonne heure ! On retrouve ici une vision instrumentaliste des animaux selon laquelle leur raison d’être est de servir nos propres intérêts. 

D’autres cependant, comme Montaigne (1533-1592) commencent à remettre en question la prétendue supériorité de l’homme. Il souligne l’intelligence, la sensibilité et l’affectivité des animaux : « Je dirais qu’il y a plus de distance de tel homme à tel homme qu’il n’y en a de tel homme à telle bête » [6]. Il propose aussi de changer de référentiel et d’essayer de comprendre l’animal selon son propre point de vue et non celui que l’humain porte sur lui.  Cette remise en question de l’anthropocentrisme s’intensifie avec les Lumières. 

La philosophie des Lumières : humanisme et prémisses de l’animalisme

On connaît le siècle des Lumières pour être celui de l’humanisme. Le mouvement des Lumières se bat en effet contre l’obscurantisme religieux et les oppressions politiques. On connaît moins en revanche son impact sur la question animale. Des figures emblématiques françaises de cette époque comme Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) et Voltaire (1694-1778) y ont contribué. Ces philosophes dont on connaît les combats pour les droits humains ont également questionné notre rapport aux animaux et se sont opposés à la conception de l’animal machine de Descartes.

Voltaire est horrifié par la manière dont ses contemporains traitent les animaux : « Nous regardons cette horreur, souvent pestilentielle, comme une bénédiction du Seigneur et nous avons des prières dans lesquelles on le remercie de ces meurtres. Qu’y a-t-il pourtant de plus abominable que de se nourrir continuellement de cadavres ? » [7] Il remet en question le fait de manger de la viande comme une volonté divine, puisque cette pratique n’est pas universelle : « les moutons n’ont pas sans doute été faits absolument pour être cuits et mangés, puisque plusieurs nations s’abstiennent de cette horreur ». [8]

Rousseau écrit de son côté que le fondement de droit n’est pas la capacité à raisonner mais la capacité de souffrir.

si je suis obligé de ne faire aucun mal à mon semblable, c’est moins parce qu’il est un être raisonnable que parce qu’il est un être sensible ; qualité qui, étant commune à la bête et à l’homme, doit au moins donner à l’une le droit de n’être point maltraitée inutilement par l’autre.

Un propos qui fait écho à la fameuse citation de Jeremy Bentham (philosophe anglais proches des révolutionnaires français de son temps) souvent reprise dans le mouvement animaliste : “La question n’est pas : Peuvent-ils raisonner ? ni : Peuvent-ils parler ? mais : Peuvent-ils souffrir ?” 

Enfin, dans la définition de « Bêtes » dans l’Encyclopédie, Diderot réfute la théorie de l’animal machine : « Assurer qu’elles n’ont point d’âme, et qu’elles ne pensent point, c’est les réduire à la qualité de machines; à quoi l’on ne semble guère plus autorisé qu’à prétendre qu’un homme dont on n’entend pas la langue est un automate. » Bien qu’il reconnaisse leur sensibilité, il souligne cependant que celle-ci est différente de la nôtre « sans quoi, qui de nous oserait sans scrupule mettre la main sur elles et répandre leur sang ? qui pourrait tuer un agneau en sûreté de conscience ? » et de notre plaisir « car si les bêtes étaient capables de cette même sensation que nous nommons plaisir, il y aurait une cruauté inouïe à leur faire du mal. »

Il serait cependant faux de croire que tous les représentants du mouvement des Lumières aient pris la défense des animaux. En Allemagne par exemple, Emmanuel Kant (1724- 1804), considère les animaux comme dénués de conscience et de raison et les compare à des objets, mais note qu’il convient de les traiter sans cruauté afin de prévenir une dégradation morale des hommes.


IV – Du darwinisme à l’antispécisme : l’humain est un animal

Si la question animale au siècle des Lumières a permis d’ébranler la vision suprémaciste de l’être humain, Charles Darwin (1809 – 1882) fait voler en éclat la représentation de l’être humain en haut de la hiérarchie des espèces.

L’Origine des Espèces

Il publie L’Origine des Espèces, dans lequel il expose la théorie de l’évolution : toutes les espèces ont un ancêtre commun. Il n’y a donc pas de différence de nature entre les espèces, mais seulement une différence de degré. Le créationnisme en prend un coup (et le darwinisme est à l’heure actuelle encore bannie du programme scolaire de certains pays pour des raisons religieuses). 

 L'homme dans son arrogance se croit une grande œuvre digne de l'intervention d'un dieu. Il est plus humble et je pense plus vrai de le considérer comme créé à partir des animaux. Charles Darwin

19è : vers une prise en compte de la souffrance animale

Alors que la capacité des animaux à souffrir ne fait plus de doute, le 19ème voit apparaître les 1ères sociétés de protection des animaux. En France, la loi Grammont de 1850 incrimine les mauvais traitements publics envers des animaux domestiques (en privé, il semblerait qu’on puisse continuer à faire comme il nous chante : cette loi protège donc davantage la sensibilité des spectateurs que les animaux). 

La question animale progresse grâce à des philosophes, auteurs et autrices progressistes (les extraits sont nombreux, aussi je vous les indique en note de bas de page pour chaque personne mentionnée). Victor Hugo (président de la première Ligue contre la vivisection en 1833), Emile Zola [9] et Louise Michel [10] écrivent à quel point la souffrance animale les touche. Le lien entre cruauté animale et cruauté humaine est quant à lui mis en avant dans les écrits de personnes aussi diverses que Marguerite Yourcenar [11], Claude Levi-Strauss [12], Léon Tolstoi [13] ou encore George Bernard Shaw [14].

20è : L’essor de l’éthique animale

La 2ème moitié du XXe siècle voit arriver la notion de spécisme popularisée par le philosophe australien Peter Singer. Il s’agit d’une attitude consistant à juger la valeur d’un individu, à lui attribuer ou à lui refuser une certaine considération, non pas en fonction de ses caractéristiques individuelles, mais seulement en fonction de son appartenance à une espèce. 

La question de la discrimination sur la base de l’espèce pose les bases du débat contemporain et donne une nouvelle caisse de résonance à la question animale. L’éthique animale comme courant de la philosophie morale se développe et les ressources disponibles sur le sujet se sont densifiées à une allure fulgurante.


Conclusions et perspectives

Vous l’aurez compris, notre rapport actuel aux animaux et l’acceptation de leur domination est largement influencé par notre Histoire. Si au cours des siècles les voix dissidentes ont été très minoritaires, elles le sont aujourd’hui de moins en moins. Notre siècle sera-t-il enfin celui permettant de changer radicalement notre rapport aux animaux ? Je ne le sais pas (je le souhaite !), mais je suis en revanche persuadée que l’éthique animale va prendre de plus en plus d’ampleur au cours du 21è siècle, du fait notamment des facteurs suivants : 

  • Un intérêt croissant de la population pour cette question, se traduisant par un écho médiatique et un enjeu politique forts (des partis animalistes voient le jour dans plusieurs pays européens et permettent de politiser la question du droit des animaux)
  • Des enjeux convergents entre animalistes et écologistes sur la place de l’espèce humaine dans le monde et son impact sur la planète
  • Une meilleure connaissance des autres espèces : l’éthologie, les neurosciences, la philosophie et la biologie nous amènent petit à petit à changer notre regard sur les animaux et à considérer la multiplicité des formes d’intelligence dont ils font preuve. Notre compréhension de leurs capacités cognitives n’en est d’ailleurs probablement qu’à ses débuts.
Depuis plusieurs décennies, l’éthologie prouve qu’aucun de ces fameux attributs sont l’homme prétend posséder l’exclusif apanage ne lui est absolument propre. Que certains animaux ont aussi, à leur manière, à un autre degré, ce que nous appelons la conscience, la raison, la moralité, la culture. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer

Et c’est sur ces doux espoirs que je vous laisse ! Si vous avez trouvé cet article intéressant, n’hésitez pas à le partager, cela permet de lui donner davantage de visibilité.


Sources :

  • [1] Vie d’Apollonius de Tyane, VII | Philostrate
  • [2] Sur l’usage des viandes | Plutarque
  • [3] Conférence de Renan Larue sur son livre Le Végétarisme et ses ennemis (malheureusement plus disponible en ligne)
  • [4] Cochons, taureaux, mulots, à la barre ! | Le Monde Diplomatique
  • [5] Relayé par Charles Patterson dans Un Eternel Treblinka
  • [6] Essais, livre I | Montaigne
  • [7] Il faut prendre parti, 1772 | Voltaire
  • [8] Causes finales (article des Questions sur l’Encyclopédie) | Voltaire
  • [9] Pourquoi la souffrance d’une bête me bouleverse-t-elle ainsi? Pourquoi ne puis-je supporter l’idée qu’une bête souffre, au point de me relever la nuit, l’hiver, pour m’assurer que mon chat a bien sa tasse d’eau ? Pourquoi toutes les bêtes de la création sont-elles mes petites parentes, pourquoi leur idée seule m’emplit-elle de miséricorde, de tolérance et de tendresse? Emile Zola – Le Figaro, 1896
  • [10] Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu’il me souvienne l’horreur des tortures infligées aux bêtes. Depuis la grenouille que les paysans coupent en deux, laissant se traîner au soleil la moitié supérieure, les yeux horriblement sortis, les bras tremblants cherchant à s’enfouir sous la terre, jusqu’à l’oie dont on cloue les pattes, jusqu’au cheval qu’on fait épuiser par les sangsues ou fouiller par les cornes des taureaux, la bête subit, lamentable, le supplice infligé par l’homme. Et plus l’homme est féroce envers la bête, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent. Mémoires de Louise Michel, 1886
  • [11] L’Homme a peu de chances de cesser d’être un tortionnaire pour l’Homme, tant qu’il continuera à apprendre sur l’animal son métier de bourreau. » / “Rappelons-nous, puisqu’il faut toujours tout ramener à nous-mêmes, qu’il y aurait moins d’enfants martyrs s’il y avait moins d’animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort des victimes de quelconques dictatures, si nous n’avions pas pris l’habitude de fourgons où des bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en route vers l’abattoir, moins de gibier humain descendu d’un coup de feu si le goût et l’habitude de tuer n’étaient l’apanage des chasseurs. Marguerite Yourcenar – Les yeux ouverts, 1980
  • [12] Les problèmes posés par les préjugés raciaux reflètent à l’échelle humaine un problème beaucoup plus vaste et dont la solution est encore plus urgente : celui des rapports de l’homme avec les autres espèces vivantes… Le respect que nous souhaitons obtenir de l’homme envers ses semblables n’est qu’un cas particulier du respect qu’il faudrait ressentir pour toutes les formes de vie… » Claude Levi-Strauss (source de l’ouvrage non trouvée) 
  • [13]  Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de batailles. & De l’assassinat d’un animal à celui d’un être humain, il n’y a qu’un pas. Leon Tolstoi (source de l’ouvrage non trouvée) 
  • [14] Tant que nous sommes nous-mêmes les tombeaux vivants d’animaux assassinés, comment pouvons-nous espérer des conditions de vie idéales sur cette Terre ? George Bernard Shaw (source de l’ouvrage non trouvée)

Pour aller plus loin :

  • Le Végétarisme et ses ennemis (Renan Larue) + articles et conférences du même auteur sur le sujet
  • Antispécisme (Aymeric Caron)
  • Lettre ouverte aux animaux et à ceux qui les défendent (Frédéric Lenoir)

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5 Comments

  1. 1

    Waouh, quel plaisir de lire un article aussi sourcé et passionnant que cela !
    Je n’avais pas idée que Ovide avait écrit ce genre de phrase, c’est très percutant.

    Le coup de l’animal machine qui crie sans souffrir me fait penser qu’il n’y a encore pas si longtemps, on opérait les bébés humains sans anesthésie, parce qu’on pensait qu’ils ne ressentaient pas la douleur … Je trouve ça tellement aberrant que ça remet en perspective le fait de penser que les animaux étaient considérés comme dénués de capacité à ressentir la souffrance.

    La phrase que tu as surligné dite par Diderot est juste géniale ! C’est une citation à accrocher chez soi ça !

    Ton boulot est super intéressant et mérite réellement que l’on s’y arrête, un article à conserver en favori pour retenir ces personnes et dates ! Merci Aurélia 🙂

    • 2

      Merci Marion, tes commentaires font chaud au coeur <3
      Ça prend du temps de tout sourcé (ça doit être pour ça que je mets des mois à pondre un article maintenant XD) mais c’est nécessaire.

      Et je te rejoins complètement pour les bébés opérés sans anesthésie. Je trouve ça passionnant de voir comment les choses évoluent au fil des époques, il y a des choses qui nous paraissent invraisemblables aujourd’hui mais qu’il faut s’efforcer de voir avec l’oeil de l’époque pour mieux les comprendre.

  2. 3

    Bravo et merci pour cet article. Se rendre compte que Plutarque et Victor Hugo (pour ne citer qu’eux !) pensent comme vous, ça vous met du baume au cœur quand vous subissez critiques et incompréhensions au quotidien….

  3. 4

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