10 expériences à vivre pour mieux comprendre l’Inde

Cela fait 1 an et demi que j’habite en Inde, et on me demande souvent « quels sont les meilleurs coins à visiter ? ». Et bizarrement, je n’ai pas vraiment de réponse à cela. Parce que derrière cette question, ce que la personnes cherche à savoir, c’est « qu’est-ce qu’il ne faut surtout pas manquer en Inde ». Or l’Inde est tellement riche et diverse que n’importe quelle région que vous choisirez pourra vous éblouir. Au final, ce qu’il ne faut pas manquer, c’est ce qui fait l’Inde au quotidien.

Je suis convaincue qu’on appréhende bien plus un pays et sa culture au contact de ses habitant-es. Et pour cela il m’apparaît crucial de comprendre comment ils vivent. C’est pourquoi je voulais partager avec vous quelques expériences qui m’ont au final appris bien plus sur la culture indienne que mon Lonely Planet.

Prendre un train de nuit

C’est vraiment une expérience à ne pas louper ! L’Inde a un des réseaux ferroviaires les plus denses du monde (héritage du colonialisme britannique), et la majorité des Indiens et Indiennes voyagent de cette manière, les prix étant bien plus abordables que l’avion.

Etant donné les longues distances qui peuvent séparer deux villes et la lenteur de la plupart des trains (oubliez le TGV), la plupart des gens préfèrent voyager de nuit afin de ne pas perdre une journée de transport. Ceci étant dit, la plupart des longs trajets vous prendront plus d’une nuit (j’ai comme ça fait un trajet Madurai – Mumbai en 33 heures), donc équipez vous d’un bon bouquin !

Vous n’arriverez probablement pas à dormir à cause du vieil indien en-dessous qui ronfle aussi fort que votre grand-oncle. Vous serez sûrement dégoûté-e par l’odeur des toilettes (allez-y au début !). Si vous avez pris une couchette en bas, vous serez étonné-e voire agacé-e que d’autres passagers viennent s’asseoir à côté de vous sans invitation préalable (la journée, la règle est de replier les couchettes du haut. Les couchettes du bas deviennent alors des banquettes pour s’asseoir pour tout le monde). Malgré tout cela, une chose est sure : vous n’oublierez jamais ce souvenir. J’ai pris le train de nuit avec ma mère de 70 ans, et elle m’en parle encore !

Concrètement, vous avez le choix entre 1ère, 2ème, 3ème ou 4ème classe (cette dernière se nomme « general »), en fonction du nombre de lits par couchettes et de la présence ou non du chauffage / air conditionné. 3ème classe est un bon compromis : 8 lits par couchettes, et l’air conditionné et chauffage est disponible. Attention, c’est pas comme la SNCF, si vous n’avez pas réservé avant, il y a de grandes chances que le train soit complet, et vous ne pourrez donc pas monter comme ça dedans. Le plus simple est de demander l’aide d’un ou une locale pour la réservation, ça peut paraître assez compliqué quand on ne sait pas.

 

Prendre le train local

C’est le petit frère du précédent point. Le train local fonctionne comme un RER, et dessert plusieurs stations de la ville. C’est comme ça que la majorité des gens vont au travail le matin. En heure de pointe, c’est une véritable compétition pour monter dans le train, et toute une stratégie pour en sortir (si tu ne t’es pas rapprochée de la sortie à temps, c’est mort, tu peux être sûr que la foule de passagers qui monte ne te laissera pas descendre !). Et un petit truc marrant aussi : on peut réserver sa place auprès d’une personne qui va bientôt descendre du train. Un peu comme si vous montiez à Châtelet, faisiez un petit sondage autour de vous de qui descend où, et réserviez la place de la personne qui a dit qu’elle descendait dans 2 stations !

Preuve en image (et cette vidéo n’est pas du tout exagérée, c’est exactement ce qui se passe aux heures de pointe):

Si la foule vous fait peur, vous pouvez voyager en 1ère classe, qui est 10 fois plus chère, mais aussi 10 fois moins peuplée ! Les femmes peuvent également voyager dans les « ladies coach » (wagons réservés aux femmes).

 

Manger de la street food

La plupart des guides touristiques vous diront que c’est de la folie et que votre estomac d’Occidental ne le supportera pas. Bon arrêtons d’être parano deux secondes. Si vous achetez un samosa, un bhaji pao ou un vada pao, il y a vraiment peu de chance de tomber malade. C’est gras certes, mais pas dangereux et surtout très bon marché. A 10 roupies pièce environ (environ 15 centimes d’euros), et dans un pays où 66% de la population vit avec moins de 2$ par jour, il est aisé de comprendre pourquoi cela constitue le repas de millions d’Indiens et Indiennes chaque jour. Par ailleurs, la plupart de ce qui fait la streetfood indienne est végane.

Partager un repas dans une famille indienne

Voilà probablement l’expérience la plus enrichissante que j’ai vécue, mais je suis consciente qu’elle est plus difficilement accessible aux touristes qui ne sont là que pour quelques semaines. Cependant, si vous en avez l’occasion, foncez, vous serez alors en plein cœur de la culture indienne et comprendrez certains us et coutumes bien mieux qu’à travers les pages de votre guide touristique.

Ainsi, il est probable que vous mangiez à même le sol, que les hôtes qui ont cuisiné ne mangent pas en même temps que vous (ce qui peut être très déconcertant mais ils et elles mangeront une fois les invité-es partis), que les personnes autour de vous rotent (ce qui ici, ne choque personne) et qu’il n’y ait pas de couverts. Plutôt que d’en demander, faîtes l’expérience de manger avec les mains. Cela n’a rien de ridicule, exotique ou fantaisiste, c’est ce que font la majorité des gens ici (vous le verrez notamment souvent dans la rue). Il y a une technique pour ne pas s’en mettre partout qui est de poser sur quatre doigts la nourriture qu’on a attrapée dans l’assiette, puis de la pousser avec le pouce. Dans tous les cas, cet effort et ouverture d’esprit ne pourront que ravir votre hôte (un peu comme les touristes à Paris qui essaient de parler français pour demander leur direction héhé).

Tout cela vaut si vous êtes invité-e dans une famille modeste ; ces pratiques ne sont pas appliquées par les classes aisées ou supérieures, qui se rapprochent alors d’un mode de vie occidental.

Visiter un village

Tenter de comprendre un pays passe par comprendre comment vivent la majorité de ses habitants. Or environ 70% de la population indienne vit en région rurale, une conséquence logique pour ce pays agricole. Rester dans les villes ne vous montrera donc qu’une des nombreuses facettes de l’Inde. Les habitations dans les villages sont loin d’avoir le confort de celles des villes. Beaucoup n’ont pas d’électricité, voire de toilettes (un des principaux problèmes sanitaires de l’Inde aujourd’hui).

Il n’est pas forcément faisable sans mode de transport d’aller comme ça dans un village, mais certaines visites par des agences responsables existent (comme celle-ci : Reality Tours and Travel).

 

Voir un film de Bollywood au cinéma

C’est un peu cliché, mais c’est plus pour l’anecdote. En effet, en Inde, entre les bandes-annonces et les pubs, arrive tout à coup comme un cheveu sur la soupe… l’hymne national, pour lequel vous devez vous lever ! C’est assez surprenant, et encore plus surprenant que tout le monde applique cela à la lettre. Pas une personne ne reste assise dans la salle, les Indiens et Indiennes prennent ça très au sérieux (je vous laisse imaginer en France l’échec que ce serait !) Et tant qu’à aller au ciné en Inde, autant opter pour un Bollywood, qui change complètement des films dont nous avons l’habitude. C’est généralement une histoire d’amour très très très mielleuse (du genre demande en mariage après la deuxième date), mais assez représentatif de la manière décomplexée avec laquelle la société indienne aborde la question du mariage.

Edit: on m’a fait remarquer que Bollywood est bien plus varié que je le laisse entendre dans cet article. Merci de m’avoir signalé ce raccourci inexact. Thrillers, biopics, sujets de société… les films un peu plus « indépendants » existent et sont de plus en plus nombreux.

 

Voir un match de criquet

Le criquet est LE sport national par excellence. Il est aux Indiens ce que le foot est aux Français. Il n’est ainsi pas rare de voir des enfants jouer au criquet dans la rue. En soi, vous n’accrocherez peut-être pas avec le sport en lui-même, mais regardez les personnes autour de vous ; elles vivront le match à fond (surtout si c’est contre le Pakistan, l’ennemi juré). Les Indien-nes sont très patriotiques (on l’aura deviner avec l’hymne national au ciné !), et le sport est un moyen de canaliser ce patriotisme, encore plus qu’en France je trouve. Par exemple, lors des derniers JO, une Indienne était en lice pour une médaille d’or, ce qui n’était pas arrivé depuis 2008. J’étais au restaurant à ce moment là et je me serais cru à une finale de coupe du monde avec retransmission en direct sur écran géant. Au final la demoiselle a obtenu une médaille d’argent et a été accueillie comme une icône nationale lors de son retour au pays.

Il faut avoir en tête que contrairement à un match de foot qui dure 1h30, il existe plusieurs formats pour un match de criquet. Parfois, un match peut durer des journées entières…

 

Entrer dans un temple hindou

Bien que l’Inde soit officiellement un pays laïc, la religion y joue un rôle prépondérant (les signes religieux sont d’ailleurs partout), et l’hindouisme est sans surprise la religion prépondérante (78% de la population). Se rendre dans un temple permet d’observer certains rites et rituels pratiqués par les Hindous. Ils sont nombreux et différents en fonction du temple, du courant de l’hindouisme, du lieu, etc. mais dans tous les cas, vous devrez obligatoirement enlever vos chaussures. Vous verrez la majorité des Hindous faire des offrandes (notamment de nourriture et des fleurs) ou faire « bénir » quelque chose. A noter que certains temples interdisent l’entrée aux non Hindous ou aux femmes en période de règle (bon après, personne ne va aller vérifier non plus…).

Prendre part à un festival

Comme je l’expliquais dans le point précédent, la religion est prépondérante. Cela s’accompagne de nombreuses festivités. La plus médiatisée en Occident est « Holi » qui a lieu généralement en Mars, mais en réalité la fête la plus importante en Inde est « Diwali », qui dure 5 jours et a lieu généralement en Octobre (les dates fluctuent d’année en année). Elle est aussi connue sous le nom de « fête des lumières », puisqu’à cette occasion, des lampions et bougies illuminent l’intérieur et l’extérieur des maisons, une représentation du triomphe du Bien sur le Mal. C’est plus ou moins l’équivalent de notre Noël en terme d’importance culturelle. C’est aussi le moment de l’année où les gens, quelle que soit leur religion, se souhaitent prospérité.

Un autre festival, très important à Mumbai notamment est celui de Ganesh Chaturthi (en septembre) et dure 11 jours, à l’issue desquels une statue du dieu éléphant est immergée dans l’eau. Des millions d’Indiens et Indiennes viennent sur les plages de Mumbai immerger petites et grandes statues (parfois de plusieurs mètres de haut). C’est effectivement un spectacle incroyable mais aussi une véritable catastrophe écologique…

Prendre un rickshaw

Ce sont de petites voiturettes, des genres de « tuk tuk », moins chères qu’un taxi, et pouvant se faufiler plus rapidement (et vu les embouteillages dans les grandes villes, c’est vraiment un plus). C’est agréable car il n’y a pas de vitres, vous pouvez donc observer votre environnement plus facilement.

Voilà ! Cette liste est loin d’être exhaustive, mais elle peut constituer un point de départ pour ceux et celles désireux de comprendre l’Inde du quotidien. Je ne peux que vous encourager à sortir de votre zone de confort, c’est à mon sens un prérequis pour tout voyage, mais encore plus quand il s’agit aussi imprévisible que l’Inde. Et pour finir, si vous souhaitez ramener des cadeaux, pas de sari en soie please !

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